Etudes

Vers un Islam aux lendemains qui chantent (3ème partie)


     En revanche, le pouvoir politique despotique s’est trop souvent attribué, de fait, une aura d’infaillibilité et de sainteté. D'aucuns trouveront ce jugement excessif, il n'empêche que même si les gouvernants injustes ont toujours prétendu le contraire, en pratique, tout se passait comme si Dieu le très haut les avait fait califes pour qu'ils expriment sa volonté et agissent conformément à elle, comme s'ils n'étaient pas simplement les " commandeurs des croyants", désignés par eux et devant eux responsables. L'autorité politique en Islam est ainsi devenue, après les quatre premiers califes et contre les enseignements de l'Islam original, une théocratie de fait dans laquelle les gouvernants exerçaient un pouvoir personnel et patrimonial et, en l'absence de tout contrôle populaire, pouvaient  transgresser la loi religieuse comme bon leur semblait, et utilisaient pour ce faire, tout un arsenal de ruses et subterfuges amenant les populations  à croire  à la crédibilité  de leur autorité et à se livrer corps et âme pour les servir ; d'autant plus que pour ces populations gouvernées , il s'agit d'obéir à Dieu lequel prescrit l'obéissance au gouvernants comme un devoir de tout croyant lucide: en effet; le Saint Coran stipule : " Croyants, obéissez à Dieu, obéissez au prophète, et à ceux d'entre vous qui exercent  l'autorité. En cas de désaccord entre vous, vous en référez à Dieu et au prophète, pour peu que vous croyiez en Dieu et au Jugement Dernier " (Ste les femmes V/59).

     Le terme " entre vous" signifie que le gouvernant n'est autre qu’un citoyen élu  par ses semblables pour exercer un pouvoir dont il est investi au profit de son peuple- Ayant cette disposition le Saint Coran énonce : " Dieu  vous prescrit de restituer les dépôts à leurs destinataires, de jouer en toute équité, si vous êtes appelés à juger. C'est là un noble devoir que Dieu vous exhorte à remplir. Dieu entend tout, voit tout".

     Le noble devoir d'un souverain est de se placer serviteur de son peuple, donc de son Dieu en œuvrant pour le bien-être de ses semblables, et non d'être le despote éclairé ou l'être infaillible  et élu par Dieu.

     Le fondamentalisme  activiste croit en fait autre chose que ce qu'il dit, croire, et fait le contraire de ce qu'il dit, car en affirmant que l'autorité politique fait partie intégrante de l'Islam, il lui confère une infaillibilité de fait et agit de telle sorte qu'il la transforme en une autorité religieuse.

     Par ailleurs, pour le fondamentalisme islamique nationaliste, toute personne versée dans les sciences se rapportent à la religion, n'en reste pas moins un simple individu, et capable de commettre erreurs et péchés, et ses opinions, paroles et jugements n'engagent que lui. A l'inverse, le fondamentalisme activiste comporte comme si pour lui l'opinion, la parole ou le jugement de celui qu'il prend pour chef, guide ou imam était une vision inspirée par Dieu, en foi de quoi il fait de lui un seigneur, imitant en cela les gens du livre par le Saint Coran stigmatise ainsi : " ils ont pris leurs docteurs et leurs moine ainsi que le messie, fils de Marie, comme seigneur au lieu de Dieu" (Ste le repentir V/31).

     Il y a donc bien deux fondamentalisme islamique, radicalement opposés : l'un, rationaliste et spiritualiste, se propose de retrouver le mouvement de la raison et la vie spirituelle originels, en cela, il se rattache à la fois à l'essence de l'Islam et à l'esprit de la civilisation moderne. L'autre, activiste et politique, est un agrégat de tendance confuses et irrationnelles qui, sous couvert de retour aux pieux ancêtres, prônent un rigorisme de façade et une régression du mode de vie à un passé révolu : on n'y trouve ni orientation rationnelle ni résurgence spirituelle, ni doctrine authentique.







facebook twitter youtube LinkedIn cheikh badaoui el djazairi mail

30-10-2024
ALG
GMT + 1

arrow_drop_up